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Read books online » Fiction » De la terre à la lune, trajet direct en 97 heures 20 minutes by Jules Verne (inspirational books for students txt) 📖

Book online «De la terre à la lune, trajet direct en 97 heures 20 minutes by Jules Verne (inspirational books for students txt) 📖». Author Jules Verne



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le creusement put �tre entrepris d�s le 4 novembre. Ce jour-l� Barbicane r�unit ses chefs d'atelier et leur dit:

�Vous savez tous, mes amis, pourquoi je vous ai r�unis dans cette partie sauvage de la Floride. Il s'agit de couler un canon mesurant neuf pieds de diam�tre int�rieur, six pieds d'�paisseur � ses parois et dix-neuf pieds et demi � son rev�tement de pierre; c'est donc au total un puits large de soixante pieds qu'il faut creuser � une profondeur de neuf cents. Cet ouvrage consid�rable doit �tre termin� en huit mois; or vous avez deux millions cinq cent quarante-trois mille quatre cents pieds cubes de terrain � extraire en deux cent cinquante-cinq jours, soit, en chiffres ronds, dix mille pieds cubes par jour. Ce qui n'offrirait aucune difficult� pour mille ouvriers travaillant � coud�es franches sera plus p�nible dans un espace relativement restreint. N�anmoins, puisque ce travail doit se faire, il se fera, et je compte sur votre courage autant que sur votre habilet�.�

A huit heures du matin, le premier coup de pioche fut donn� dans le sol floridien, et depuis ce moment ce vaillant outil ne resta plus oisif un seul instant dans la main des mineurs. Les ouvriers se relayaient par quart de journ�e.

D'ailleurs, quelque colossale que f�t l'op�ration, elle ne d�passait point la limite des forces humaines. Loin de l�. Que de travaux d'une difficult� plus r�elle et dans lesquels les �l�ments durent �tre directement combattus, qui furent men�s � bonne fin! Et, pour ne parler que d'ouvrages 84 semblables, il suffira de citer ce Puits du P�re Joseph, construit aupr�s du Caire par le sultan Saladin, � une �poque o� les machines n'�taient pas encore venues centupler la force de l'homme, et qui descend au niveau m�me du Nil, � une profondeur de trois cents pieds! Et cet autre puits creus� � Coblentz par le margrave Jean de Bade jusqu'� six cents pieds dans le sol! Eh bien! de quoi s'agissait-il, en somme? De tripler cette profondeur et sur une largeur d�cuple, ce qui rendrait le forage plus facile! Aussi il n'�tait pas un contre-ma�tre, pas un ouvrier qui dout�t du succ�s de l'op�ration.

Une d�cision importante, prise par l'ing�nieur Murchison, d'accord avec le pr�sident Barbicane, vint encore permettre d'acc�l�rer la marche des travaux. Un article du trait� portait que la Columbiad serait frett�e avec des cercles de fer forg� plac�s � chaud. Luxe de pr�cautions inutiles, car l'engin pouvait �videmment se passer de ces anneaux compresseurs. On renon�a donc � cette clause. De l� une grande �conomie de temps, car on put alors employer ce nouveau syst�me de creusement adopt� maintenant dans la construction des puits, par lequel la ma�onnerie se fait en m�me temps que le forage. Gr�ce � ce proc�d� tr�s-simple, il n'est plus n�cessaire d'�tayer les terres au moyen d'�tr�sillons; la muraille les contient avec une in�branlable puissance et descend d'elle-m�me par son propre poids.

Cette manœuvre ne devait commencer qu'au moment o� la pioche aurait atteint la partie solide du sol.

Le 4 novembre, cinquante ouvriers creus�rent au centre m�me de l'enceinte palissad�e, c'est-�-dire � la partie sup�rieure de Stone's-Hill, un trou circulaire large de soixante pieds.

La pioche rencontra d'abord une sorte de terreau noir, �pais de six pouces, dont elle eut facilement raison. A ce terreau succ�d�rent deux pieds d'un sable fin qui fut soigneusement retir�, car il devait servir � la confection du moule int�rieur.

Apr�s ce sable apparut une argile blanche assez compacte, semblable � la marne d'Angleterre, et qui s'�tageait sur une �paisseur de quatre pieds.

Puis le fer des pics �tincela sur la couche dure du sol, une esp�ce de roche form�e de coquillages p�trifi�s, tr�s-s�che, tr�s-solide, et que les outils ne devaient plus quitter. A ce point, le trou pr�sentait une profondeur de six pieds et demi, et les travaux de ma�onnerie furent commenc�s.

Au fond de cette excavation on construisit un �rouet� en bois de ch�ne, sorte de disque fortement boulonn� et d'une solidit� � toute �preuve; il �tait perc� � son centre d'un trou offrant un diam�tre �gal au diam�tre 85 ext�rieur de la Columbiad. Ce fut sur ce rouet que repos�rent les premi�res assises de la ma�onnerie, dont le ciment hydraulique encha�nait les pierres avec une inflexible t�nacit�. Les ouvriers, apr�s avoir ma�onn� de la circonf�rence au centre, se trouvaient renferm�s dans un puits large de vingt et un pieds.

Lorsque cet ouvrage fut achev�, les mineurs reprirent le pic et la pioche, et ils entam�rent la roche sous le rouet m�me, en ayant soin de le supporter au fur et � mesure sur des tins[76] d'une extr�me solidit�; toutes les fois que le trou avait gagn� de deux pieds en profondeur, on retirait successivement ces tins; le rouet s'abaissait peu � peu, et avec lui le massif annulaire de ma�onnerie, � la couche sup�rieure duquel les ma�ons travaillaient incessamment, tout en r�servant des ��vents,� qui devaient permettre aux gaz de s'�chapper pendant l'op�ration de la fonte.

Ce genre de travail exigeait de la part des ouvriers une habilet� extr�me et une attention de tous les instants; plus d'un, en creusant sous le rouet, fut bless� dangereusement par les �clats de pierre, et m�me mortellement; mais l'ardeur ne se ralentit pas une seule minute, et jour et nuit: le jour, aux rayons d'un soleil qui versait, quelques mois plus tard, quatre-vingt-dix-neuf degr�s[77] de chaleur � ces plaines calcin�es; la nuit, sous les blanches nappes de la lumi�re �lectrique, le bruit des pics sur la roche, la d�tonation des mines, le grincement des machines, le tourbillon des fum�es �parses dans les airs trac�rent autour de Stone's-Hill un cercle d'�pouvante que les troupeaux de bisons ou les d�tachements de S�minoles n'osaient plus franchir.

Cependant les travaux avan�aient r�guli�rement; des grues � vapeur activaient l'enl�vement des mat�riaux; d'obstacles inattendus il fut peu question, mais seulement de difficult�s pr�vues, et l'on s'en tirait avec habilet�.

Le premier mois �coul�, le puits avait atteint la profondeur assign�e pour ce laps de temps, soit cent douze pieds. En d�cembre cette profondeur fut doubl�e, et tripl�e en janvier. Pendant le mois de f�vrier, les travailleurs eurent � lutter contre une nappe d'eau qui se fit jour � travers l'�corce terrestre. Il fallut employer des pompes puissantes et des appareils � air comprim� pour l'�puiser afin de b�tonner l'orifice des sources, comme on aveugle une voie d'eau � bord d'un navire. Enfin on eut raison de ces courants malencontreux. Seulement, par suite de la mobilit� du terrain, le rouet c�da en partie, et il y eut un �boulement partiel. Que 86 l'on juge de l'�pouvantable pouss�e de ce disque de ma�onnerie haut de soixante-quinze toises! Cet accident co�ta la vie � plusieurs ouvriers.

Trois semaines durent �tre employ�es � �tayer le rev�tement de pierre, � le reprendre en sous-œuvre et � r�tablir le rouet dans ses conditions premi�res de solidit�. Mais gr�ce � l'habilet� de l'ing�nieur, � la puissance des machines employ�es, l'�difice, un instant compromis, retrouva son aplomb, et le forage continua.

Aucun incident nouveau n'arr�ta d�sormais la marche de l'op�ration, et le 10 juin, vingt jours avant l'expiration des d�lais fix�s par Barbicane, le puits, enti�rement rev�tu de son parement de pierres, avait atteint la profondeur de neuf cents pieds. Au fond, la ma�onnerie reposait sur un cube massif mesurant trente pieds d'�paisseur, tandis qu'� sa partie sup�rieure elle venait affleurer le sol.

Le pr�sident Barbicane et les membres du Gun-Club f�licit�rent chaudement l'ing�nieur Murchison; son travail cyclop�en s'�tait accompli dans des conditions extraordinaires de rapidit�.

Pendant ces huit mois, Barbicane ne quitta pas un instant Stone's-Hill; tout en suivant de pr�s les op�rations du forage, il s'inqui�tait incessamment du bien-�tre et de la sant� de ses travailleurs, et il fut assez heureux pour �viter ces �pid�mies communes aux grandes agglom�rations d'hommes et si d�sastreuses dans ces r�gions du globe expos�es � toutes les influences tropicales.

Plusieurs ouvriers, il est vrai, pay�rent de leur vie les imprudences inh�rentes � ces dangereux travaux; mais ces d�plorables malheurs sont impossibles � �viter, et ce sont des d�tails dont les Am�ricains se pr�occupent assez peu. Ils ont plus souci de l'humanit� en g�n�ral que de l'individu en particulier. Cependant Barbicane professait les principes contraires, et il les appliquait en toute occasion. Aussi, gr�ce � ses soins, � son intelligence, � son utile intervention dans les cas difficiles, � sa prodigieuse et humaine sagacit�, la moyenne des catastrophes ne d�passa pas celle des pays d'outre-mer cit�s pour leur luxe de pr�cautions, entre autres la France, o� l'on compte environ un accident sur deux cent mille francs de travaux.

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CHAPITRE XV LA F�TE DE LA FONTE.

Pendant les huit mois qui furent employ�s � l'op�ration du forage, les travaux pr�paratoires de la fonte avaient �t� conduits simultan�ment avec une extr�me rapidit�; un �tranger, arrivant � Stone's-Hill, e�t �t� fort surpris du spectacle offert � ses regards.

A six cents yards du puits, et circulairement dispos�s autour de ce point central, s'�levaient douze cents fours � r�verb�re, larges de six pieds chacun et s�par�s l'un de l'autre par un intervalle d'une demi-toise. La ligne d�velopp�e par ces douze cents fours offrait une longueur de deux milles[78]. Tous �taient construits sur le m�me mod�le avec leur haute chemin�e quadrangulaire, et ils produisaient le plus singulier effet. J.-T. Maston trouvait superbe cette disposition architecturale. Cela lui rappelait les monuments de Washington. Pour lui, il n'existait rien de plus beau, m�me en Gr�ce, �o� d'ailleurs, disait-il, il n'avait jamais �t�.�

On se rappelle que, dans sa troisi�me s�ance, le Comit� se d�cida � employer la fonte de fer pour la Columbiad, et sp�cialement la fonte grise. Ce m�tal est, en effet, plus tenace, plus ductile, plus doux, facilement al�sable, propre � toutes les op�rations de moulage, et, trait� au charbon de terre, il est d'une qualit� sup�rieure pour les pi�ces de grande r�sistance, telles que canons, cylindres de machines � vapeur, presses hydrauliques, etc.

Mais la fonte, si elle n'a subi qu'une seule fusion, est rarement assez homog�ne, et c'est au moyen d'une deuxi�me fusion qu'on l'�pure, qu'on la raffine, en la d�barrassant de ses derniers d�p�ts terreux.

Aussi, avant d'�tre exp�di� � Tampa-Town, le minerai de fer, trait� dans les hauts fourneaux de Goldspring et mis en contact avec du charbon et du silicium chauff� � une forte temp�rature, s'�tait carbur� et transform� en fonte[79]. Apr�s cette premi�re op�ration, le m�tal fut dirig� vers Stone's-Hill. Mais il s'agissait de cent trente-six millions de livres de fonte, masse trop co�teuse � exp�dier par les railways; le prix du transport 88 e�t doubl� le prix de la mati�re. Il parut pr�f�rable d'affr�ter des navires � New-York et de les charger de la fonte en barres; il ne fallut pas moins de soixante-huit b�timents de mille tonneaux, une v�ritable flotte qui, le 3 mai, sortit des passes de New-York, prit la route de l'Oc�an, prolongea les c�tes am�ricaines, embouqua le canal de Bahama, doubla la pointe floridienne, et, le 10 du m�me mois, remontant la baie Espiritu-Santo, vint mouiller sans avaries dans le port de Tampa-Town. L� les navires furent d�charg�s dans les wagons du rail-road de Stone's-Hill, et, vers le milieu de janvier, l'�norme masse de m�tal se trouvait rendue � destination.

Les travaux avan�aient r�guli�rement (p. 85).

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On comprend ais�ment que ce n'�tait pas trop de douze cents fours 89 pour liqu�fier en m�me temps ces soixante mille tonnes de fonte. Chacun de ces fours pouvait contenir pr�s de cent quatorze mille livres de m�tal; on les avait �tablis sur le mod�le de ceux qui servirent � la fonte du canon Rodman; ils affectaient la forme trap�zo�dale, et �taient tr�s-surbaiss�s. L'appareil de chauffe et la chemin�e se trouvaient aux deux extr�mit�s du fourneau, de telle sorte que celui-ci �tait �galement chauff� dans toute son �tendue. Ces fours, construits en briques r�fractaires, se composaient uniquement d'une grille pour br�ler le charbon de terre, et d'une �sole� sur laquelle devaient �tre d�pos�es les barres de fonte; cette sole, inclin�e sous un angle de vingt-cinq degr�s, permettait au m�tal de s'�couler 90 dans les bassins de r�ception; de l� douze cents rigoles convergentes le dirigeaient vers le puits central.

La fonte (p. 91).

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Le lendemain du jour o� les travaux de ma�onnerie et de forage furent termin�s, Barbicane fit proc�der � la confection du moule int�rieur; il s'agissait d'�lever au centre du puits, et suivant son axe, un cylindre haut de neuf cents pieds et large de neuf, qui remplissait exactement l'espace r�serv� � l'�me de la Columbiad. Ce cylindre fut compos� d'un m�lange de terre argileuse et de sable, additionn� de foin et de paille. L'intervalle laiss� entre le moule et la ma�onnerie devait �tre combl� par le m�tal en fusion, qui formerait ainsi des parois de six pieds d'�paisseur.

Ce cylindre, pour se maintenir en

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