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Read books online » Fiction » Autour de la Lune by Jules Verne (the giving tree read aloud .txt) 📖

Book online «Autour de la Lune by Jules Verne (the giving tree read aloud .txt) 📖». Author Jules Verne



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lutte sans cesse contre ses passions trop souvent victorieuses. Puis, �puis� par les d�ceptions, les trahisons, les infid�lit�s et tout le cort�ge des mis�res terrestres, que trouve-t-il au terme de sa carri�re? cette vaste �mer des Humeurs� � peine adoucie par quelques gouttes des eaux du �golfe de la Ros�e�! Nu�es, pluies, temp�tes, humeurs, la vie de l'homme contient-elle autre chose et ne se r�sume-t-elle pas en ces quatre mots?

L'h�misph�re de droite, �d�di� aux dames�, renferme des mers plus petites, dont les noms significatifs comportent tous les incidents d'une existence f�minine. C'est la �mer de la S�r�nit� au-dessus de laquelle se penche la jeune fille, et �le lac des Songes�, qui lui refl�te un riant avenir! C'est �la mer du Nectar�, avec ses flots de tendresse et ses brises d'amour! C'est la �mer de la F�condit�, c'est �la mer des Crises�, puis �la mer des Vapeurs�, dont les dimensions sont peut-�tre trop restreintes, et enfin cette vaste �mer de la Tranquillit�, o� se sont absorb�s toutes les fausses passions, tous les r�ves inutiles, tous les d�sirs inassoupis, et dont les flots se d�versent paisiblement dans �le lac de la Mort�!

Quelle succession �trange de noms! Quelle division singuli�re de ces deux h�misph�res de la Lune, unis l'un � l'autre comme l'homme et la femme, et formant cette sph�re de vie emport�e dans l'espace! Et le fantaisiste Michel n'avait-il pas raison d'interpr�ter ainsi cette fantaisie des vieux astronomes?

Mais tandis que son imagination courait ainsi �les mers�, ses graves compagnons consid�raient plus g�ographiquement les choses. Ils apprenaient par cœur ce monde nouveau. Ils en mesuraient les angles et les diam�tres.

Pour Barbicane et Nicholl, la mer des Nu�es �tait une immense d�pression de terrain, sem�e de quelques montagnes circulaires, et couvrant une grande portion de la partie occidentale de l'h�misph�re sud; elle occupait cent quatre-vingt-quatre mille huit cents lieues carr�es, et son centre se trouvait par 15� de latitude sud et 20� de longitude ouest. L'oc�an des Temp�tes, Oceanus Procellarum , la plus vaste plaine du disque lunaire, embrassait une superficie de trois cent vingt-huit mille trois cents lieues carr�es, son centre �tant par 10� de latitude nord et 45� de longitude est. De son sein �mergeaient les admirables montagnes rayonnantes de K�pler et d'Aristarque.

Plus au nord et s�par�e de la mer des Nu�es par de hautes cha�nes, s'�tendait la mer des Pluies, Mare Imbrium , ayant son point central par 35� de latitude septentrionale et 20� de longitude orientale; elle �tait de forme � peu pr�s circulaire et recouvrait un espace de cent quatre-vingt-treize mille lieues. Non loin, la mer des Humeurs, Mare Humorum , petit bassin de quarante-quatre mille deux cents lieues carr�es seulement, �tait situ�e par 25� de latitude sud et 40� de longitude est. Enfin, trois golfes se dessinaient encore sur le littoral de cet h�misph�re: le golfe Torride, le golfe de la Ros�e et le golfe des Iris, petites plaines resserr�es entre de hautes cha�nes de montagnes.

L'h�misph�re �f�minin�, naturellement plus capricieux, se distinguait par des mers plus petites et plus nombreuses. C'�taient, vers le nord, la mer du Froid, Mare Frigoris , par 55� de latitude nord et 0� de longitude, d'une superficie de soixante-seize mille lieues carr�es, qui confinait au lac de la Mort et au lac des Songes; la mer de la S�r�nit�, Mare Serenitatis , par 25� de latitude nord et 20� de longitude ouest, comprenant une superficie de quatre-vingt-six mille lieues carr�es; la mer des Crises, Mare Crisium , bien d�limit�e, tr�s ronde, embrassant, par 17� de latitude nord et 55� de longitude ouest, une superficie de quarante mille lieues, v�ritable Caspienne enfouie dans une ceinture de montagnes. Puis � l'�quateur, par 5� de latitude nord et 25� de longitude ouest, apparaissait la mer de la Tranquillit�, Mare Tranquillitatis , occupant cent vingt et un mille cinq cent neuf lieues carr�es; cette mer communiquait au sud avec la mer du Nectar, Mare Nectaris , �tendue de vingt-huit mille huit cents lieues carr�es, par 15� de latitude sud et 35� de longitude ouest, et � l'est avec la mer de la F�condit�, Mare Fecunditatis , la plus vaste de cet h�misph�re, occupant deux cent dix-neuf mille trois cents lieues carr�es, par 3� de latitude sud et 50� de longitude ouest. Enfin, tout � fait au nord et tout � fait au sud, deux mers se distinguaient encore, la mer de Humboldt, Mare Humboldtianum , d'une superficie de six mille cinq cents lieues carr�es, et la mer Australe, Mare Australe , sur une superficie de vingt-six milles.

Au centre du disque lunaire, � cheval sur l'�quateur et sur le m�ridien z�ro, s'ouvrait le golfe du Centre, Sinus Medii , sorte de trait d'union entre les deux h�misph�res.

Ainsi se d�composait aux yeux de Nicholl et de Barbicane la surface toujours visible du satellite de la Terre. Quand ils additionn�rent ces diverses mesures, ils trouv�rent que la superficie de cet h�misph�re �tait de quatre millions sept cent trente-huit mille cent soixante lieues carr�es, dont trois millions trois cent dix-sept mille six cents lieues pour les volcans, les cha�nes de montagnes, les cirques, les �les, en un mot tout ce qui semblait former la partie solide de la Lune, et quatorze cent dix mille quatre cents lieues pour les mers, les lacs, les marais, tout ce qui semblait en former la partie liquide. Ce qui, d'ailleurs, �tait parfaitement indiff�rent au digne Michel.

Cet h�misph�re, on le voit, est treize fois et demi plus petit que l'h�misph�re terrestre. Cependant, les s�l�nographes y ont d�j� compt� plus de cinquante mille crat�res. C'est donc une surface boursoufl�e, crevass�e, une v�ritable �cumoire, digne de la qualification peu po�tique que lui ont donn�e les Anglais, de �green cheese�, c'est-�-dire �fromage vert�.

Michel Ardan bondit quand Barbicane pronon�a ce nom d�sobligeant.

�Voil� donc, s'�cria-t-il, comment les Anglo-Saxons, au XIXe si�cle, traitent la belle Diane, la blonde Phoeb�, l'aimable Isis, la charmante Astart�, la reine des nuits, la fille de Latone et de Jupiter, la jeune sœur du radieux Apollon!�

XII

Details orographiques

La direction suivie par le projectile, on l'a d�j� fait observer, l'entra�nait vers l'h�misph�re septentrional de la Lune. Les voyageurs �taient loin de ce point central qu'ils auraient d� frapper, si leur trajectoire n'e�t pas subi une d�viation irr�m�diable.

Il �tait minuit et demi. Barbicane estima alors sa distance � quatorze cents kilom�tres, distance un peu sup�rieure � la longueur du rayon lunaire, et qui devait diminuer � mesure qu'il s'avancerait vers le p�le nord. Le projectile se trouvait alors, non � la hauteur de l'�quateur, mais par le travers du dixi�me parall�le, et depuis cette latitude, soigneusement relev�e sur la carte jusqu'au p�le, Barbicane et ses deux compagnons purent observer la Lune dans les meilleures conditions.

En effet, par l'emploi des lunettes, cette distance de quatorze cents kilom�tres �tait r�duite � quatorze, soit trois lieues et demi. Le t�lescope des montagnes Rocheuses rapprochait davantage la Lune, mais l'atmosph�re terrestre amoindrissait singuli�rement sa puissance optique. Aussi Barbicane, post� dans son projectile, sa lorgnette aux yeux, percevait-il certains d�tails insaisissables aux observateurs de la Terre.

�Mes amis, dit alors le pr�sident d'une voix grave, je ne sais o� nous allons, je ne sais si nous reverrons jamais le globe terrestre. N�anmoins, proc�dons comme si ces travaux devaient servir un jour � nos semblables. Ayons l'esprit libre de toute pr�occupation. Nous sommes des astronomes. Ce boulet est un cabinet de l'Observatoire de Cambridge, transport� dans l'espace. Observons.�

Cela dit, le travail fut commenc� avec une pr�cision extr�me, et il reproduisit fid�lement les divers aspects de la Lune aux distances variables que le projectile occupa par rapport � cet astre.

En m�me temps que le boulet se trouvait � la hauteur du dixi�me parall�le nord, il semblait suivre rigoureusement le vingti�me degr� de longitude est.

Ici se place une remarque importante au sujet de la carte qui servait aux observations. Dans les cartes s�l�nographiques o�, en raison du renversement des objets par les lunettes, le sud est en haut et le nord en bas, il semblerait naturel que par suite de cette inversion, l'est d�t �tre plac� � gauche et l'ouest � droite. Cependant, il n'en est rien. Si la carte �tait retourn�e et pr�sentait la Lune telle qu'elle s'offre aux regards, l'est serait � gauche et l'ouest � droite, contrairement � ce qui existe dans les cartes terrestres. Voici la raison de cette anomalie. Les observateurs situ�s dans l'h�misph�re bor�al, en Europe, si l'on veut, aper�oivent la Lune dans le sud par rapport � eux. Lorsqu'ils l'observent, ils tournent le dos au nord, position inverse de celle qu'ils occupent quand ils consid�rent une carte terrestre. Puisqu'ils tournent le dos au nord, l'est se trouve � leur gauche et l'ouest � leur droite. Pour des observateurs situ�s dans l'h�misph�re austral, en Patagonie, par exemple, l'ouest de la Lune serait parfaitement � leur gauche et l'est � leur droite, puisque le midi est derri�re eux.

Telle est la raison de ce renversement apparent des deux points cardinaux, et il faut en tenir compte pour suivre les observations du pr�sident Barbicane.

Aid� de la Mappa selenographica de Beer et Moedler, les voyageurs pouvaient sans h�siter reconna�tre la portion du disque encadr� dans le champ de leur lunette.

�Que voyons-nous en ce moment? demanda Michel.

—La partie septentrionale de la mer des Nu�es, r�pondit Barbicane. Nous sommes trop �loign�s pour en reconna�tre la nature. Ces plaines sont-elles compos�es de sables arides, ainsi que l'ont pr�tendu les premiers astronomes? Ne sont-elles que des for�ts immenses, suivant l'opinion de M. Waren de la Rue, qui accorde � la Lune une atmosph�re tr�s basse mais tr�s dense, c'est ce que nous saurons plus tard. N'affirmons rien avant d'�tre en droit d'affirmer.�

Cette mer des Nu�es est assez douteusement d�limit�e sur les cartes. On suppose que cette vaste plaine est sem�e de blocs de lave vomis par les volcans voisins de sa partie droite, Ptol�m�e, Purbach, Arzachel. Mais le projectile s'avan�ait et se rapprochait sensiblement, et bient�t apparurent les sommets qui ferment cette mer � sa limite septentrionale. Devant se dressait une montagne rayonnante de toute beaut�, dont la cime semblait perdue dans une �ruption de rayons solaires.

�C'est?... demanda Michel.

—Copernic, r�pondit Barbicane.

—Voyons Copernic.�

Ce mont, situ� par 9� de latitude nord et 20� de longitude est, s'�l�ve � une hauteur de trois mille quatre cent trente-huit m�tres au-dessus du niveau de la surface de la Lune. Il est tr�s visible de la Terre, et les astronomes peuvent l'�tudier parfaitement, surtout pendant la phase comprise entre le dernier quartier et la Nouvelle-Lune, parce qu'alors les ombres se projettent longuement de l'est vers l'ouest et permettent de mesurer ses hauteurs.

Ce Copernic forme le syst�me rayonnant le plus important du disque apr�s Tycho, situ� dans l'h�misph�re m�ridional. Il s'�l�ve isol�ment, comme un phare gigantesque sur cette portion de la mer des Nu�es qui confine � la mer des Temp�tes, et il �claire sous son rayonnement splendide deux oc�ans � la fois. C'�tait un spectacle sans �gal que celui de ces longues tra�n�es lumineuses, si �blouissantes dans la pleine Lune, et qui d�passant au nord les cha�nes limitrophes, vont s'�teindre jusque dans la mer des Pluies. A une heure du matin terrestre, le projectile, comme un ballon emport� dans l'espace, dominait cette montagne superbe.

Barbicane put en reconna�tre exactement les dispositions principales. Copernic est compris dans la s�rie des montagnes annulaires de premier ordre, dans la division des grands cirques. De m�me que K�pler et Aristarque, qui dominent l'oc�an des Temp�tes, il appara�t quelquefois comme un point brillant � travers la lumi�re cendr�e et fut pris pour un volcan en activit�. Mais ce n'est qu'un volcan �teint, ainsi que tous ceux de cette face de la Lune. Sa circonvallation pr�sentait un diam�tre de vingt-deux lieues environ. La lunette y d�couvrait des traces de stratifications produites par les �ruptions successives, et les environs paraissaient sem�s de d�bris volcaniques dont quelques-uns se montraient encore au dedans du crat�re.

�Il existe, dit Barbicane, plusieurs sortes de cirques � la surface de la Lune, et il est facile de voir que Copernic appartient au genre rayonnant. Si nous �tions plus rapproch�s, nous apercevrions les c�nes qui le h�rissent � l'int�rieur, et qui furent autrefois autant de bouches ignivomes. Une disposition curieuse et sans exception sur le disque lunaire, c'est que la surface int�rieure de ces cirques est notablement en contrebas de la plaine ext�rieure, contrairement � la forme que pr�sentent les crat�res terrestres. Il s'ensuit donc que la courbure g�n�rale du fond de ces cirques donne une sph�re d'un diam�tre inf�rieur � celui de la Lune.

—Et pourquoi cette disposition sp�ciale? demanda Nicholl.

—On ne sait, r�pondit Barbicane.

—Quel splendide rayonnement, r�p�tait Michel. J'imagine difficilement que l'on puisse voir un plus beau spectacle!

—Que diras-tu donc, r�pondit Barbicane, si les hasards de notre voyage nous entra�nent vers l'h�misph�re m�ridional?

—Eh bien, je dirai que c'est encore plus beau!� r�pliqua Michel Ardan.

En ce moment, le projectile dominait le cirque perpendiculairement. La circonvallation de Copernic formait un cercle presque parfait, et ses remparts tr�s escarp�s se d�tachaient nettement. On distinguait m�me une double enceinte annulaire. Autour s'�talait une plaine gris�tre, d'aspect sauvage, sur laquelle les reliefs se d�tachaient en jaune. Au fond du cirque, comme enferm�s dans un �crin, scintill�rent un instant deux ou trois c�nes �ruptifs, semblables � d'�normes gemmes �blouissantes.

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