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Read books online » Fiction » Perils of Certain English Prisoners by Charles Dickens (english reading book .TXT) 📖

Book online «Perils of Certain English Prisoners by Charles Dickens (english reading book .TXT) 📖». Author Charles Dickens



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la route. Le vetturino vous prend à votre demeure, et vous conduit à votre destination jusqu'à votre hôtel. En général, il fait plus cher à voyager en Italie qu'en France.

À Gênes, les maisons sont couvertes en ardoises; les habitants sont fort civils et fort obligeants, quoique vindicatifs.

Les hauteurs qui dominent la ville sont couronnées, à leurs extrémités, de villas suspendues comme dans les airs; la Méditerranée étend au loin ses vagues bleues, et la chaleur de l'automne est tempérée par des brises alpines.

La villa Pallavicini a la Grotte Pestiaire en coquillages admirablement disposés; l'eau y tombe sous mille formes gracieuses. La villa Spinola, au comte Negro, charme à la fois l'imagination et le coeur: des gazons, quantité de ruisseaux, venant des montagnes, serpentent mollement dans les jardins anglais; des fleurs brillent avec toutes les nuances de la verdure: ce jardin se compose, en grande partie, de pins, de cyprès, de mélèze, de chênes verts: à ces arbres divers se joignent ceux du printemps, des lilas, des tilleuls, des platanes; le concert des oiseaux, le silence des bois, le murmure des fontaines, tout cela vous pénètre par tous les sens. Nous avons aussi remarqué de très beaux caféiers dans les serres chaudes. Les facchini se sont appropriés le partage de la ville; les domestiques d'un albergo n'oseraient toucher du bout du doigt à un seul article de votre bagage, pour le transporter de la voiture dans la maison, sans s'exposer à de terribles représailles de la part de ces portantini. La plupart des villas décorant les points culminants des roches, sont inaccessibles aux voitures et aux chevaux; on est obligé de se faire porter par les facchini très-adroits dans cette gymnastique, ayant les pieds aussi sûrs que les mules de Peblo.

Nous trouvions à nous rendre à Livourne, avec un voiturin, par Parme et Plaisance, villes qui n'ont rien de très-remarquable; mais nous étions bien aises, quoique cela fût plus dispendieux, d'essayer un voyage sur la Méditerranée, en bateau à vapeur.

À l'hôtel, on nous annonce qu'Il Real Ferdinando di Napoli allait partir dans quelques heures; nous nous empressons de traiter de notre voyage et de nos bagages; et, ayant fait nos adieux aux personnes qui nous avaient si bien accueillis, nous nous rendons peu de temps après à bord.

À peine sommes-nous embarqués, que nous apprenons que le Pharamond de Marseille doit partir à-peu-près à la même heure que nous: nous avions regret de ne pas faire ce voyage avec des compatriotes; nous fûmes heureux de nous lier avec un Suisse, négociant de Naples, extrêmement aimable, qui nous fit passer agréablement le temps: au reste, nous avons eu à nous féliciter des bons procédés de l'équipage.

La vapeur est échauffée, la fumée sort en abondance des cheminées en tôle, et s'élance dans les airs comme des nuages: le signal du départ est donné; la clochette fait un bruit que les ondes répètent, ainsi que les échos: nous levons l'ancre, et nous quittons peut-être pour toujours la superbe Gênes, emportant le souvenir de ses merveilles et de ses splendeurs: bientôt elle n'est plus pour nous qu'un point imperceptible sur l'horizon.

Sans être méchante, la mer devient houleuse; nous croyons que, pour éviter d'être incommodés, il vaut mieux rester sur le pont; M. Roessinger nous donne à manger des bonbons en sucre; nous nous repentons bientôt d'avoir cédé à ses politesses. Les exhalaisons alcalines et bitumineuses de la mer nous pénètrent, irritent notre estomac, et le prédisposent à des purgations déjà excitées par les vibrations répétées du navire. Au reste, nous ne sommes pas les seuls indisposés, et presque tous les voyageurs sont plus incommodés que nous: c'est un spectacle fort amusant (parce qu'on ne redoute pas la gravité du mal) de voir des cuvettes se distribuer partout; les mousses occupés à nettoyer le pont, les figures se décomposer, devenir hypocratiques, les borborigmes, les éructations se faire entendre semblables aux coups de tonnerre qui se multiplient; des voyageurs, tantôt comme de stupides statues enveloppés de manteaux et sans faire de mouvements dans la traversée, tantôt voulant circuler sur le pont, vaciller et tomber; les uns jurant, tant ils souffrent, les autres se roulant et se crispant; c'est comme si on avait pris de forts purgatifs. Les acclimatés à la mer rient et s'amusent de ces scènes burlesques. Suivant un habile naturaliste, l'union de l'air et du feu a produit l'acide primitif; l'acide primitif, en s'unissant à la matière calcaire, a formé l'acide marin qui se présente sous la forme de sel gemme, dans le sein des terres, et sous celle de sel marin dans l'eau de toutes les mers: cet acide marin n'a pu se former qu'après la naissance des coquillages, puisque la matière calcaire n'existait pas auparavant.

Parfois, la mer est phosphorescente; on voit sortir de l'eau, par les palettes, une lumière scintillante. La nuit arrive, les étoiles qui ornent la voûte des Cieux avec tant de majesté se reproduisent sur les ondes comme dans un miroir; mais l'agitation de la mer donne à ces globes lumineux une apparence de vitalité. Novices dans la marine, nous pensions toujours que l'air et la fraîcheur de la nuit nous empêcheraient d'être malades. Erreur, la transpiration suprimée agissant avec plus de force sur l'estomac et les intestins, augmentait le malaise qu'une douce transpiration aurait diminué.

Je veux faire un essai de notre chambre à coucher, afin de donner du repos à Mme Mercier; mais j'ai peine à descendre l'escalier; j'éprouve deux soulèvements d'estomac avant d'y arriver; je remontai immédiatement; ce ne fut qu'une heure après que la fraîcheur de la nuit se faisant sentir plus vivement, je déterminai Madame à y descendre. Sitôt couchés, nausées, mal de mer, efforts pour vomir, tout cela nous quitta, pour toujours. Plus tard; sur l'Adriatique, nous avons pris ces précautions de l'hygiène; nous nous sommes couchés: il paraît que la posture du lit est bien plus favorable à la santé contre l'impression de la mer. L'oscillation du vaisseau ne se fait pas autant sentir que quand on est debout; alors la moindre émotion des vagues ébranle le corps entier et le dispose aux vomissements. Il y en a qui souffrent beaucoup et qui en sont cruellement affectés, d'autres le sont très-légèrement: nous nous sommes trouvés dans cette catégorie.

Enfin nous apercevons Livourne et son lazaret. Le Pharamond, quoique arrivé quelques heures avant nous, n'était pas encore débarqué; notre navire napolitain ne marchant point aussi bien et étant venu le dernier, fut néanmoins expédié sans délai, en sa qualité d'italien. À l'instant, quantité de faquins nous entourent sur des pirogues, nous faisant offre de nous mettre à terre avec notre bagage; nous convînmes de prix pour quatre paoli ou deux francs, parce qu'on nous avait entretenus de ce qui était arrivé à un jeune Anglais qui, n'ayant pas passé de marché, ce qu'il faut toujours faire en Italie, débarqué, on eut l'effronterie de lui demander vingt-cinq francs. Rien de plus dépravé que les faquins de Livourne; un coup de couteau ne leur coûte rien à donner: il est bon, pour, éviter cela, de prendre les plus grandes précautions, et de chercher à descendre avec quelqu'un du pays. Les autres canotiers que vous n'avez pas favorisés de votre choix, vous donnent mille malédictions dissonnantes, et vous font des grimaces toutes plus bizarres les unes que les autres, en forme de tête de Méduse, avec ses affreux serpents; ils ont l'aspect de satyres ou de harpies.

Livourne fait un commerce très-animé; le port, pour ce qui vient du dehors, est exempt de droits, comme nous en avons déjà parlé: les rues sont bien alignées; la population est active et aisée; les cultes, quoique le gouvernement soit absolu, sont pratiqués avec une grande liberté: Les Juifs ont un quartier à part, un cimetière, et une synagogue des plus belles de l'Europe; il est difficile de voir plus de richesses réunies; nous l'avons visitée dans les plus minutieux détails, toujours le chapeau sur la tête, conformément à l'usage des Israélites. Le Judaïsme s'est conservé vivant au milieu de la sainteté; comme un phare lumineux, pour montrer la base du Christianisme. Nous avions pris, à l'hôtel des Suisses, un domestique de place, afin de nous éviter les difficultés, de ménager notre temps et de voir en peu d'instants beaucoup de choses. Mais Livourne n'offre guère de monuments remarquables. Quant à notre guide, il était impossible d'en avoir un meilleur sous tous les rapports: il nous conduisit chez M. le vice-consul de Portugal, qui nous reçut parfaitement, sous les auspices de M. le colonel Giraldes; nous admirâmes la beauté de ses appartements en peintures à fresques; au lieu de parquets, c'étaient de très-belles mosaïques dont la durée est sans fin, et qui revenaient par salle à quatre cents francs; je ne sais pourquoi nous n'importons pas ces usages magnifiques et splendides pour l'ornement de nos édifices, au lieu de riches tapis qu'il faut si souvent renouveler.

Il vient beaucoup de femmes grecques à Livourne, pour former un sérail et faire commerce de leurs charmes.

Nous allons ensuite nous mettre en fonds chez M. Violergrabaud, banquier, auquel M. Gonin de Marseilles avait eu la bonté de nous recommander; nous recevons de toutes parts les offres les plus gracieuses.

Nous avons visité plusieurs magasins, les objets de luxe et de toilette y sont d'une beauté infinie; nous nous sommes bornés à de jolies emplettes d'albâtre que, malgré l'emballage, la route a en partie brisées.

Nous cheminons au train de poste dans un voiturin pour Pise; nous essayions cette manière de voyager. Nous voici donc transportés au sein de cette délicieuse Italie, si féconde en souvenirs! Nous foulons le sol sacré, patrie de tant de héros! Nos yeux ne se lassent point d'admirer; les moindres choses deviennent pour nous des merveilles et un motif de ravissement.

Les boeufs sont tout blancs ou tout noirs; ils ont un anneau au nez, comme les porcs de France, dans lequel sont passés des guides; ils sont aussi attelés avec des colliers. Les chevaux ont sur la sellette une éminence en amphithéâtre pour élever les brancards; l'essieu aussi n'est pas au milieu de la voiture; ils prétendent moins fatiguer les coursiers par cet appareil.

La terre est cultivée comme dans nos pays; mais les vignes grimpent jusqu'aux sommités des ormeaux, et forment des guirlandes de verdure dans les champs.

Nous arrivons à Pise, en peu d'heures. Les rues sont pavées en larges pierres de moëlon; nous apercevons la jolie chapelle de la Trinité, et nous descendons au bon hôtel Luxor. L'Arno sépare la ville en deux. Les femmes du peuple portent des peignes très-hauts d'étage. De grand matin, nous allons voir la piazza di Cavalieri et la fontaine San Ferdinando.

Santa Maria Della Spina, autrefois temple paien, d'une architecture gothique, mêlée à l'arabesque et à la mauresque, possède une tîge de la couronne d'épines de Jésus-Christ.

Le célèbre Campanile, comme il a été dit, le Dôme, le Baptistère, le Campo Santo, sont des monuments incomparables, et n'ont point de fracas autour d'eux; ils s'élèvent sur une belle et verte pelouse semée de marguerites et de fleurs agrestes: rien de touchant comme cette association d'édifices catholiques.

Toute la vie du Chrétien est là: le Campanile semble se pencher sur la cité, pour appeler le néophite; le Baptistère le reçoit pour le faire chrétien; l'église s'ouvre pour le sanctifier; le Campo Santo pour l'ensevelir. La cathédrale a deux rangs de colonnes antiques, au nombre de quatre-vingt-dix.

Près la tour inclinée, ou le Campanile, qui nous a paru être la solution de la solidité du plan incliné, est une église magnifique ainsi que le Baptistère remarquable par un écho; le Campo Santo est auprès de ce groupe étonnant; c'est un vaste cimetière enrichi de peintures à fresques, de statues et de tombeaux d'une belle architecture. Tous ces marbres, toute ces épitaphes; ce long cloître, ce silence, cette solitude, cette terre, ces grandes renommées, ces siècles, remplissent des plus touchantes émotions.

Les quais de Pise se dessinent avec pompe aux yeux du spectateur, surtout depuis la porte Della Piaggia à celle Del Mare: le palais et les belles maisons élevées sur ces quais, et les trois ponts qui ouvrent la communication des quartiers Sainte-Marie et Saint-Antoine, forment un coup d'oeil séduisant, varié par les barques de pêcheurs et les bateaux de transport se croisant continuellement sur la rivière, qui se jette à deux ou trois lieues dans la mer. Dans l'église San Pietro, bâtie sur les ruines de ce port (car la mer a encore ici reculé ses limites), nous avons vu une large pierre où Saint Pierre attacha l'ancre de sa barque, quand il visita Pise. Sur la place des Chevaliers, on voit la tour nommée Torre Della Fame, dans laquelle mourut de faim le comte Gobino. En entrant par la porte du Lucques, nous avons remarqué les ruines des bains de Néron, présentement occupées par des horticulteurs, et le canal de Livourne commencé par cet empereur.

Au carnaval de Toscane, on attache des morceaux de papier sur le dos des passants, on les accompagne en leur

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