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Book online «Vingt Mille Lieues Sous Les Mers — Part 1 by Jules Verne (psychology books to read .txt) 📖». Author Jules Verne



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seule plainte.

La blessure était horrible. Le crâne, fracassé par un instrument contondant, montrait la cervelle à nu, et la substance cérébrale avait subi une attrition profonde. Des caillots sanguins s'étaient formés dans la masse diffluente, qui affectait une couleur lie de vin. Il y avait eu à la fois contusion et commotion du cerveau. La respiration du malade était lente, et quelques mouvements spasmodiques des muscles agitaient sa face. La phlegmasie cérébrale était complète et entraînait la paralysie du sentiment et du mouvement.

Je pris le pouls du blessé. Il était intermittent. Les extrémités du corps se refroidissaient déjà, et je vis que la mort s'approchait, sans qu'il me parût possible de l'enrayer. Après avoir pansé ce malheureux, je rajustai les linges de sa tête, et je me retournai vers le capitaine Nemo.

« D'oĂą vient cette blessure ? Lui demandai-je.

— Qu'importe ! rĂ©pondit Ă©vasivement le capitaine. Un choc du Nautilus a brisĂ© un des leviers de la machine, qui a frappĂ© cet homme. Mais votre avis sur son Ă©tat ? Â»

J'hésitais à me prononcer.

« Vous pouvez parler, me dit le capitaine. Cet homme n'entend pas le français. Â»

Je regardai une dernière fois le blessĂ©, puis je rĂ©pondis :

« Cet homme sera mort dans deux heures.

— Rien ne peut le sauver ?

— Rien. Â»

La main du capitaine Nemo se crispa, et quelques larmes glissèrent de ses yeux, que je ne croyais pas faits pour pleurer.

Pendant quelques instants, j'observai encore ce mourant dont la vie se retirait peu Ă  peu. Sa pâleur s'accroissait encore sous l'Ă©clat Ă©lectrique qui baignait son lit de mort. Je regardais sa tĂŞte intelligente, sillonnĂ©e de rides prĂ©maturĂ©es, que le malheur, la misère peut-ĂŞtre, avaient creusĂ©es depuis longtemps. Je cherchais Ă  surprendre le secret de sa vie dans les dernières paroles Ă©chappĂ©es Ă  ses lèvres !

« Vous pouvez vous retirer, monsieur Aronnax Â», me dit le capitaine Nemo.

Je laissai le capitaine dans la cabine du mourant, et je regagnai ma chambre, très Ă©mu de cette scène. Pendant toute la journĂ©e, je fus agitĂ© de sinistres pressentiments. La nuit, je dormis mal, et, entre mes songes frĂ©quemment interrompus, je crus entendre des soupirs lointains et comme une psalmodie funèbre. Était-ce la prière des morts, murmurĂ©e dans cette langue que je ne savais comprendre ?

Le lendemain matin, je montai sur le pont. Le capitaine Nemo m'y avait précédé. Dès qu'il m'aperçut, il vint à moi.

« Monsieur le professeur, me dit-il, vous conviendrait-il de faire aujourd'hui une excursion sous-marine ?

— Avec mes compagnons ? demandai-je.

— Si cela leur plaît.

— Nous sommes à vos ordres, capitaine.

— Veuillez donc aller revĂŞtir vos scaphandres. Â»

Du mourant ou du mort il ne fut pas question. Je rejoignis Ned Land et Conseil. Je leur fis connaître la proposition du capitaine Nemo. Conseil s'empressa d'accepter, et, cette fois, le Canadien se montra très disposé à nous suivre.

Il était huit heures du matin. A huit heures et demie, nous étions vêtus pour cette nouvelle promenade, et munis des deux appareils d'éclairage et de respiration. La double porte fut ouverte, et, accompagnés du capitaine Nemo que suivaient une douzaine d'hommes de l'équipage, nous prenions pied à une profondeur de dix mètres sur le sol ferme où reposait le Nautilus.

Une légère pente aboutissait à un fond accidenté, par quinze brasses de profondeur environ. Ce fond différait complètement de celui que j'avais visité pendant ma première excursion sous les eaux de l'Océan Pacifique. Ici, point de sable fin, point de prairies sous-marines, nulle forêt pélagienne. Je reconnus immédiatement cette région merveilleuse dont, ce jour-là, le capitaine Nemo nous faisait les honneurs. C'était le royaume du corail.

Dans l'embranchement des zoophytes et dans la classe des alcyonnaires, on remarque l'ordre des gorgonaires qui renferme les trois groupes des gorgoniens, des isidiens et des coralliens. C'est à ce dernier qu'appartient le corail, curieuse substance qui fut tour à tour classée dans les règnes minéral, végétal et animal. Remède chez les anciens, bijou chez les modernes, ce fut seulement en 1694 que le Marseillais Peysonnel le rangea définitivement dans le règne animal.

Le corail est un ensemble d'animalcules, réunis sur un polypier de nature cassante et pierreuse. Ces polypes ont un générateur unique qui les a produits par bourgeonnement, et ils possèdent une existence propre, tout en participant à la vie commune. C'est donc une sorte de socialisme naturel. Je connaissais les derniers travaux faits sur ce bizarre zoophyte, qui se minéralise tout en s'arborisant, suivant la très juste observation des naturalistes, et rien ne pouvait être plus intéressant pour moi que de visiter l'une de ces forêts pétrifiées que la nature a plantées au fond des mers.

Les appareils Rumhkorff furent mis en activité, et nous suivîmes un banc de corail en voie de formation, qui, le temps aidant, fermera un jour cette portion de l'océan indien. La route était bordée d'inextricables buissons formés par l'enchevêtrement d'arbrisseaux que couvraient de petites fleurs étoilées à rayons blancs. Seulement, à l'inverse des plantes de la terre, ces arborisations, fixées aux rochers du sol, se dirigeaient toutes de haut en bas.

La lumière produisait mille effets charmants en se jouant au milieu de ces ramures si vivement colorées. Il me semblait voir ces tubes membraneux et cylindriques trembler sous l'ondulation des eaux. J'étais tenté de cueillir leurs fraîches corolles ornées de délicats tentacules, les unes nouvellement épanouies, les autres naissant à peine, pendant que de légers poissons, aux rapides nageoires, les effleuraient en passant comme des volées d'oiseaux. Mais, si ma main s'approchait de ces fleurs vivantes, de ces sensitives animées, aussitôt l'alerte se mettait dans la colonie. Les corolles blanches rentraient dans leurs étuis rouges, les fleurs s'évanouissaient sous mes regards, et le buisson se changeait en un bloc de mamelons pierreux.

Le hasard m'avait mis lĂ  en prĂ©sence des plus prĂ©cieux Ă©chantillons de ce zoophyte. Ce corail valait celui qui se pĂŞche dans la MĂ©diterranĂ©e, sur les cĂ´tes de France, d'Italie et de Barbarie. Il justifiait par ses tons vifs ces noms poĂ©tiques de fleur de sang et d'Ă©cume de sang que le commerce donne Ă  ses plus beaux produits. Le corail se vend jusqu'Ă  cinq cents francs le kilogramme, et en cet endroit, les couches liquides recouvraient la fortune de tout un monde de corailleurs. Cette prĂ©cieuse matière, souvent mĂ©langĂ©e avec d'autres polypiers, formait alors des ensembles compacts et inextricables appelĂ©s « macciota Â», et sur lesquels je remarquai d'admirables spĂ©cimens de corail rose.

Mais bientĂ´t les buissons se resserrèrent, les arborisations grandirent. De vĂ©ritables taillis pĂ©trifiĂ©s et de longues travĂ©es d'une architecture fantaisiste s'ouvrirent devant nos pas. Le capitaine Nemo s'engagea sous une obscure galerie dont la pente douce nous conduisit Ă  une profondeur de cent mètres. La lumière de nos serpentins produisait parfois des effets magiques, en s'accrochant aux rugueuses aspĂ©ritĂ©s de ces arceaux naturels et aux pendentifs disposĂ©s comme des lustres, qu'elle piquait de pointes de feu. Entre les arbrisseaux coralliens, j'observai d'autres polypes non moins curieux, des mĂ©lites, des iris aux ramifications articulĂ©es, puis quelques touffes de corallines, les unes vertes, les autres rouges, vĂ©ritables algues encroĂ»tĂ©es dans leurs sels calcaires, que les naturalistes, après longues discussions, ont dĂ©finitivement rangĂ©es dans le règne vĂ©gĂ©tal. Mais, suivant la remarque d'un penseur, « c'est peut-ĂŞtre lĂ  le point rĂ©el oĂą la vie obscurĂ©ment se soulève du sommeil de pierre, sans se dĂ©tacher encore de ce rude point de dĂ©part Â».

Enfin, après deux heures de marche, nous avions atteint une profondeur de trois cents mètres environ, c'est-à-dire la limite extrême sur laquelle le corail commence à se former. Mais là, ce n'était plus le buisson isolé, ni le modeste taillis de basse futaie. C'était la forêt immense, les grandes végétations minérales, les énormes arbres pétrifiés, réunis par des guirlandes d'élégantes plumarias, ces lianes de la mer, toutes parées de nuances et de reflets. Nous passions librement sous leur haute ramure perdue dans l'ombre des flots, tandis qu'à nos pieds, les tubipores, les méandrines, les astrées, les fongies, les cariophylles, formaient un tapis de fleurs, semé de gemmes éblouissantes.

Quel indescriptible spectacle ! Ah ! que ne pouvions-nous communiquer nos sensations ! Pourquoi Ă©tions-nous emprisonnĂ©s sous ce masque de mĂ©tal et de verre ! Pourquoi les paroles nous Ă©taient-elles interdites de l'un Ă  l'autre ! Que ne vivions-nous, du moins, de la vie de ces poissons qui peuplent le liquide Ă©lĂ©ment, ou plutĂ´t encore de celle de ces amphibies qui, pendant de longues heures, peuvent parcourir, au grĂ© de leur caprice, le double domaine de la terre et des eaux !

Cependant, le capitaine Nemo s'était arrêté. Mes compagnons et mol nous suspendîmes notre marche, et, me retournant, je vis que ses hommes formaient un demi-cercle autour de leur chef. En regardant avec plus d'attention, j'observai que quatre d'entre eux portaient sur leurs épaules un objet de forme oblongue.

Nous occupions, en cet endroit. Le centre d'une vaste clairière, entourée par les hautes arborisations de la forêt sous-marine. Nos lampes projetaient sur cet espace une sorte de clarté crépusculaire qui allongeait démesurément les ombres sur le sol. A la limite de la clairière, l'obscurité redevenait profonde, et ne recueillait que de petites étincelles retenues par les vives arêtes du corail.

Ned Land et Conseil étaient près de moi. Nous regardions, et il me vint à la pensée que j'allais assister a une scène étrange. En observant le sol, je vis qu'il était gonflé, en de certains points, par de légères extumescences encroûtées de dépôts calcaires, et disposées avec une régularité qui trahissait la main de l'homme.

Au milieu de la clairière, sur un piédestal de rocs grossièrement entassés, se dressait une croix de corail, qui étendait ses longs bras qu'on eût dit faits d'un sang pétrifié.

Sur un signe du capitaine Nemo, un de ses hommes s'avança, et à quelques pieds de la croix, il commença à creuser un trou avec une pioche qu'il détacha de sa ceinture.

Je compris tout ! Cette clairière c'Ă©tait un cimetière, ce trou, une tombe, cet objet oblong, le corps de l'homme mort dans la nuit ! Le capitaine Nemo et les siens venaient enterrer leur compagnon dans cette demeure commune, au fond de cet inaccessible OcĂ©an !

Non ! jamais mon esprit ne fut surexcitĂ© Ă  ce point ! Jamais idĂ©es plus impressionnantes n'envahirent mon cerceau ! Je ne voulais pas voir ce que voyait mes yeux !

Cependant, la tombe se creusait lentement. Les poissons fuyaient çà et là leur retraite troublée. J'entendais résonner, sur le sol calcaire, le fer du pic qui étincelait parfois en heurtant quelque silex perdu au fond des eaux. Le trou s'allongeait, s'élargissait, et bientôt il fut assez profond pour recevoir le corps.

Alors, les porteurs s'approchèrent. Le corps, enveloppé dans un tissu de byssus blanc, descendit dans sa humide tombe. Le capitaine Nemo, les bras croisés sur la poitrine, et tous les amis de celui qui les avait aimés s'agenouillèrent dans l'attitude de la prière... Mes deux compagnons et moi, nous nous étions religieusement inclinés.

La tombe fut alors recouverte des débris arrachés au sol, qui formèrent un léger renflement.

Quand ce fut fait, le capitaine Nemo et ses hommes se redressèrent ; puis, se rapprochant de la tombe, tous flĂ©chirent encore le genou, et tous Ă©tendirent leur main en signe de suprĂŞme adieu...

Alors, la funèbre troupe reprit le chemin du Nautilus, repassant sous les arceaux de la forêt, au milieu des taillis, le long des buissons de corail, et toujours montant.

Enfin, les feux du bord apparurent. Leur traînée lumineuse nous guida jusqu'au Nautilus. A une heure, nous étions de retour.

Dès que mes vêtements furent changés, je remontai sur la plate-forme, et, en proie à une terrible obsession d'idées, j'allai m'asseoir près du fanal.

Le capitaine Nemo me rejoignit. Je me levai et lui dis :

« Ainsi, suivant mes prĂ©visions, cet homme est mort dans la nuit ?

— Oui, monsieur Aronnax, répondit le capitaine Nemo.

— Et il repose maintenant près de ses compagnons, dans ce cimetière de corail ?

— Oui, oubliĂ©s de tous, mais non de nous ! Nous creusons la tombe, et les polypes se chargent d'y sceller nos morts pour l'Ă©ternitĂ© ! Â»

Et cachant d'un geste brusque son visage dans ses mains crispĂ©es, le capitaine essaya vainement de comprimer un sanglot. Puis il ajouta :

« C'est lĂ  notre paisible cimetière, Ă  quelques centaines de pieds au-dessous de la surface des flots !

— Vos morts y dorment, du moins, tranquilles, capitaine, hors de l'atteinte des requins !

— Oui, monsieur, répondit gravement le capitaine Nemo, des requins

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